Bien plus tard, à plus de 9’30”, une certaine Yanina Kuskova a franchi la ligne en 62e position, dans un groupe d’une vingtaine de coureuses. Qui est-elle ? Il s’agit d’une cycliste ouzbèke de 22 ans et elle est la dernière encore en course sous les couleurs l’équipe Tashkent City Women Professional Cycling Team.
Depuis le début du Tour de France, la formation ouzbèke a vécu une véritable hécatombe. En trois jours, l’équipe a vu six de ses sept coureuses abandonner ! Dès le premier jour, quatre coureuses ont été contraintes à l’abandon. Elles ne pouvaient tout simplement pas suivre le rythme – pourtant pas effréné – du peloton sur l’étape toute plate tracée entre Rotterdam et La Haye. Mercredi, une cinquième coureuse ne s’est pas présentée au départ de la 4e étape qui arrivait à Liège alors qu’une autre a encore abandonné en cours de route.
Malgré cette déroute, le patron de l’équipe, Volodymyr Starchyk, est satisfait : “Je pense que c’est une victoire pour le cyclisme de voir une équipe qui court loin d’Europe disputer le Tour de France”, a-t-il expliqué à Cyclingnews, “tout le monde peut penser ce qu’il veut mais nous sommes ici et c’est quelque chose de grand pour notre pays.”
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Une invitation garantie
Forcément, la présence de l’équipe Tashkent sur la Grande Boucle interroge. Comment une formation aussi faible a pu recevoir une invitation sur la plus grande course au monde alors que des équipes fortes ont dû rester à la maison ? Tout simplement en raison du règlement UCI. En prenant la deuxième place des équipes continentales au classement UCI, l’équipe Tashkent était assurée de recevoir une invitation sur le Tour de France.
Pour obtenir ces précieux points UCI, l’équipe ouzbèke a joué avec les règles mises en place. Ou plutôt profité d’une zone d’ombre dans le règlement. Ainsi, quand les championnats d’Ouzbékistan ont eu lieu, dix coureuses étaient présentes sur la ligne de départ… représentant toutes les couleurs de l’équipe Tashkent. Elles ont donc pris les dix premières places au classement et les points UCI qui y étaient associés. Mais cela va encore plus loin puisque sept d’entre elles pouvaient également disputer le championnat U23, obtenant là aussi de précieux points.
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Un budget bien inférieur aux autres équipes
Si l’équipe d’Ouzbékistan a donc accompli son rêve de participer au Tour de France avec des coureuses locales, la différence de niveau est donc considérable avec les autres formations. Ce constat n’est pas une surprise pour Gleb Grosyman, directeur sportif de Tashkent. “Notre budget est peut-être 100 fois plus petit que n’importe quelle autre équipe continentale (la division 2 du cyclisme féminin, NdlR) et une grande partie de celui-ci est allouée aux déplacements”, a-t-il précisé au Nieuwsblad.
“La plupart de nos coureuses sont étudiantes et elles ne gagnent que 200 à 300 euros par mois grâce au cyclisme. Au niveau de la mentalité, nous n’avons rien à reprocher à nos coureuses. Deux d’entre elles ont à peine 18 ans. Elles n’ont aucune expérience de la lutte pour leur place dans le peloton. C’est normal qu’elles aient peur”, continue Grosyman qui estime que l’expérience de la Grande Boucle sera tout de même profitable à ces coureuses pour le futur.
En attendant, Yanina Kuskova, dernière représentante de l’équipe Tashkent, va tenter de terminer son premier Tour de France, ce qui serait déjà une énorme réussite pour sa formation.
À l’avenir, l’UCI devrait sans doute modifier le règlement pour que ce genre de choses ne puisse plus arriver. Mais l’équipe Tashkent compte bien revenir sur la Grande Boucle avec davantage d’ambitions dans les années à venir.
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Publish date : 2024-08-15 17:12:40
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