À Brest, le cricket permet à ces réfugiés afghans et pakistanais de rompre l’isolement

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À Brest, le cricket permet à ces réfugiés afghans et pakistanais de rompre l’isolement


En ce dimanche après-midi, le bruit des balles qui se fracassent contre les battes résonne jusqu’au parking du centre sportif Raymond-Chapel, à Brest. En contrebas, sur la pelouse du terrain de football, ils sont une dizaine, en maillots et survêtements bleu marine, à s’adonner à la pratique du cricket. « On se retrouve vers 15 h et on joue jusqu’à 19 h. Parfois plus tard, tant qu’il fait jour », sourit Rahmat Ahmadzai, qui fait office aussi bien de chef d’équipe et de grand frère pour la troupe du jour. Si leur nombre rend impossible la composition de deux équipes, cela n’empêche pas les joueurs de prendre très au sérieux leur rôle, sous l’œil averti de certains amis… ou de badauds venus notamment promener leur chien.

Depuis près d’un an, ils sont une quinzaine de réfugiés afghans ou pakistanais à se retrouver au moins deux fois par semaine, parfois plus quand le temps le permet. Psychologue de l’association Coallia, Clémence Boy, qui travaille au Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) et pour le Centre provisoire d’hébergement (CPH), raconte d’où est partie l’initiative : « Lorsqu’on reçoit les personnes en entretien, on essaie de faire ressurgir qui ils sont derrière leurs traumatismes. Je m’appuie, pour ça, sur ce qui les anime. Et j’ai constaté un point commun à beaucoup d’entre eux : le cricket. Mais ils n’en parlaient étonnamment pas entre eux ». Une rencontre collective s’est finalement organisée à l’initiative de la psychologue et de Gwenaële Sabaly, assistante sociale au CPH. Le point de départ de cette aventure aussi bien sportive qu’humaine.

« Il faut savoir que c’est un public très isolé, qui vient d’Afghanistan pour la majorité, et qui s’est retrouvé confronté face à des horreurs, de la violence… Quand ils arrivent en France, il y a un choc des cultures et la barrière de la langue, décrit Clémence Boy. Il est, pour eux, souvent compliqué de sortir de l’isolement. C’est là que le cricket sert de levier : on essaie de réenclencher une dynamique positive par la pratique sportive. On constate également un réel intérêt thérapeutique. »

L’ASPTT en soutien

C’est l’ASPTT Brest et sa coordinatrice, Monique Loaec, qui ont rendu possible ces rendez-vous en prenant charge une bonne partie de l’aspect logistique et en fournissant notamment du matériel de protection (genouillères, casques…) et les tenues, floquées, dont sont particulièrement fiers les joueurs. Ces derniers se débrouillent aussi pour ramener du matériel du Pakistan. À terme, l’objectif serait de créer un véritable club de cricket à Brest, qui en est dépourvu. « On aimerait aussi avoir davantage de gens pour venir nous voir, échanger et discuter avec nous », escompte Rahmat Ahmadzai.

Le week-end dernier, l’informelle équipe finistérienne s’est déplacée jusqu’à Nantes pour disputer un match. « On a très bien joué… mais pas gagné », glisse le capitaine, qui ambitionne désormais de faire connaître davantage son équipe, ouvrir la pratique de ce sport aux Brestois et organiser des événements afin de favoriser le partage interculturel. De manière plus pragmatique, il espère aussi bénéficier de partenariats avec des structures ou magasins de sport ou de la municipalité, pour disposer de davantage de matériel, comme des filets ou de la moquette pour protéger la pelouse.



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Publish date : 2024-07-29 13:37:29

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